Appréhender les transgressions |Magazine ARTISET | 3 2024

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Sensibilisation au degré de gravité L’élaboration d’une grille de classification est au cœur du standard grison. Dominique Cerveny et son personnel lui ont accordé une très grande attention. Dans cette grille, les transgressions sont classées en quatre degrés, allant de «situ ation quotidienne» à «transgression très grave», en passant par «transgression légère» et «transgression grave». Elles sont aussi classées en niveaux: le niveau des résidentes et résidents entre eux, celui des résidentes et résidents envers le personnel et celui du personnel envers les résidentes et résidents. Pour chaque transgression, par exemple des insultes ou un vol, la grille prévoit des mesures. Pendant un mois, l’EMS a rassemblé des exemples de comportements transgressifs, tous secteurs de travail con fondus. Dominique Cerveny donne des précisions à ce sujet: «Pour chaque secteur, nous avons placé dans une chemise la grille de classification et les notices correspondantes, que les membres du personnel pouvaient consulter comme référence. Il était particulièrement important pour nous de nommer et de formuler très précisément les actes. De plus, nous avons mené une réflexion commune sur les comportements tolérables et intolérables. Qu’a-t-on ou que n’a-t-on pas le droit de faire chez nous? Qu’est-ce qui fait partie du mandat «Nous avons réussi à sortir du tabou et parler des comporte ments transgressifs fait désomais partie du quotidien.» Dominique Cerveny, directrice

Lors du lancement, l’équipe d’accompagnement des processus a aussi donné des explications très claires au personnel de l’EMS sur l’utilité et le but du standard grison. La mise en lumière des différentes sphères de cohabitation dans lesquelles les personnes évoluent au sein de l’EMS était particulière ment intéressante: pour le personnel, l’EMS est un lieu de travail et donc une sphère publique ou professionnelle, tandis que pour les résidentes et résidents, il s’agit de leur domicile, et donc de leur sphère privée et intime. Des transgressions surviennent donc déjà en raison du simple fait que l’EMS est un lieu de rencontre entre des personnes qui évoluent dans des sphères différentes, avec des intentions différentes. Transgressions par les résidentes et résidents En interne, un groupe de projet composé de cinq personnes représentant tous les secteurs d’activité et échelons hiérar chiques a été constitué. Il a organisé, pour le personnel du Serata, quatre ateliers lors desquels des situations du quo tidien ont été traitées et discutées. Les collaboratrices et col laborateurs ont réfléchi ensemble aux situations conflictuelles des mois précédents, et à la manière dont ils pourraient mieux les gérer à l’avenir. Il est alors apparu qu’il n’y a pas seulement des transgressions de la part du personnel, comme des re marques impatientes, mais que, plus souvent qu’on l’imagine, les résidentes et résidents ont aussi des comportements trans gressifs. «En général, les résidentes et résidents franchissent les limites parce que leur besoin n’est pas satisfait», explique Dominique Cerveny. «Les personnes présentant une démence, qui ont des difficultés de verbalisation, ont plus souvent un comportement agressif envers le personnel. Mais c’est tou jours en raison d’un besoin insatisfait ou d’une incom préhension face à une situation.»

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8 ARTISET 03 I 2024

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